Interview : 5 questions à …

Antoine DESVERGEE

Médecin CROS Normandie & CHU de Caen

Pouvez-vous vous présenter ?

Je suis le Docteur Antoine Desvergée, praticien hospitalier au sein du service de Médecine Physique et Réadaptation du CHU de Caen. J’ai fait mes études de médecine à Caen et j’ai tout de suite intégré le CHU. Je travaille aussi pour le SSR d’Aulnay Sur Odon et à l’IRMS du CHU de Caen.
On peut ajouter à ça que je suis le médecin du CROS Normandie depuis 2009 et je fais partie de groupe de recherche en activité physique adaptée et santé.
Globalement, je milite pour le développement de l’activité physique pour tous.

Pourquoi s'être investi dans le sport et notamment au sein du CROS Normandie ?

Je m’investis pour l’activité physique thérapeutique et adaptée, ma volonté est de changer le mode de vie des gens. Mon combat va vers les personnes sédentaires et les personnes inactives afin qu’elles pratiquent une activité, il faut faire de la prévention primaire, secondaire et tertiaire.
L’objectif du médecin du CROS Normandie est de donner des orientations d’actions, parler au plus grand nombre et amener les personnes sédentaires vers les clubs. Ma nomination peut s’apparenter à être au bon endroit au bon moment. Mon prédécesseur a dû quitter son poste en cours d’olympiade, il m’a donc proposé de reprendre le flambeau, ce que j’ai aussitôt accepté. Cette mission m’a tout de suite plu et elle m’anime beaucoup.

L'activité physique des français.e.s, et notamment des jeunes, a diminué avec la crise sanitaire. Quel constat faites-vous et quels sont les risques à court et à moyen terme ?

De manière générale, en France et même dans l’ensemble des pays développés, l’activité physique des personnes est en dessous des recommandations. Avec la crise sanitaire, ça s’est intensifié, surtout lors du premier confinement où l’on ne pouvait pas sortir donc il n’y avait quasiment pas d’activité physique possible. Le constat est qu’il y a eu un traumatisme physique et psychologique chez les personnes. On peut aussi mettre en lumière des problèmes de soins, les personnes ne souhaitaient pas venir à l’hôpital pour ne pas prendre le risque d’attraper le virus.
La deuxième vague a été plus difficile sur le plan médical, la Normandie a été beaucoup plus touchée, nous avons eu beaucoup plus de cas donc c’était plus compliqué à gérer.
Globalement, sur les dernières années, l’activité physique a diminué à cause des ordinateurs, des téléphones… on note une baisse significative de la pratique.
Je me bats aussi vers les personnes qui se disent « sportifs » car ils pratiquent le week-end mais qui, le reste de la semaine, sont toujours assis. Nous devons donc nous battre contre la sédentarité et l’inactivité.

Quels sont vos projets pour la suite de votre investissement aux côtés des acteurs du sport normand ?

J’ai toujours beaucoup de projets dans la tête. Dans les années à venir, mon gros projet est la création d’une formation pour parler de l’activité physique. Elle permettrait de parler et éduquer autour de cette thématique. Elle ne serait pas à destination des professionnels et des STAPS, par exemple, mais plutôt au plus grand nombre, à Monsieur et Madame tout le monde. Cela permettrait d’apporter une parole unifiée car beaucoup de choses sont déjà en place mais ne sont pas bien diffusée.
Je voudrais lever tous les freins à l’activité physique pour tous. Je sais que le CROS Normandie soutiendra et portera des projets d’union. Il faut que le monde sportif et le monde médical travaillent main dans la main.

Vous avez été récompensé par le trophée Sentez-Vous Sport dans la catégorie Stratégie, Management et Bien-être en entreprise. Pouvez-vous nous présenter le projet ? Que va vous apporter cette distinction ?

Tout d’abord, je voudrai dire que c’est l’ensemble du CHU de Caen qui est récompensé pour son action. Ce projet a été mené avec la direction des ressources humaines du CHU, la direction générale, l’Agence Régionale de Santé et le monde médical. Il est né de deux projets : le mien et celui de la directrice des ressources humaines de l’hôpital qui souhaitait améliorer la qualité de vie au travail. Lorsqu’il a été présenté à l’ARS, ils nous ont tout de suite suivi. Nous avons construit ensemble pour les salariés mais aussi une partie pour les patients. Le projet a débuté début 2017 pour une mise en service le 6 juin 2018.
Il y a deux salles, une salle de fitness toute équipée et une salle d’activités. Deux prestations sont proposées avec ses deux salles, l’ouverture de la salle de fitness de 6h à 21h et l’autre salle où sont donné des cours d’activité physique avec des activités de bien-être et d’autres intensives. Nous souhaitons amener les personnes sédentaires et inactives vers la pratique.
Notre grande victoire est que ¼ des personnes qui fréquentent les salles ne pratiquaient aucune activité avant, il y a 922 personnes inscrites dans ces salles au 10 décembre 2020.
Les volumes horaires du personnel de l’hôpital sont colossaux, c’est pour ça que nous avons souhaité que ces salles soient accessibles un maximum de temps. Nous avons noté que les freins à la pratique étaient le coût et la facilité d’accès. Ces deux freins sont supprimés ici car les personnes sont sur leur lieu de travail et l’accès est gratuit. Les salles sont un lieu sans jugement et sans discrimination.
Le projet est loin d’être terminé car nous souhaitons maintenant développer les cours personnels, les cours de musculation, les fiches d’entrainements personnels.
Cette distinction est un remerciement pour l’ensemble des personnes qui ont travaillé sur le projet. La Direction des Ressources Humaines, l’ARS et même les STAPS que j’ai fait terminé à 21 heures pour permettre à ces salles de voir le jour. Nous ciblons d’autres projets, d’autres trophées pour communiquer autour de nos actions et montrer que le CHU de Caen est un lieu où il fait bon travailler.

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